Section « Mauvais genre rétroqueer 18+ »
Stupéfiant. 15, the movie raconte en chapitres les histoires d’amitié, de gang, de solitude, de trafics de drogues de plu-sieurs jeunes délinquants de la banlieue singapourienne non-acteurs mais qui se mettent en scène en permanence. Fringues bariolées, tatouages véritables ou dessinés tous les jours, piercings et bijoux cliquetants sur gabarits fluets, soit en bandes de roquets, soit branleurs solitaires et apa-thiques, à l’occasion victimes les uns des autres. Il y a aussi des clips kitchissimes qui vantent les prouesses de tel ou tel gang, surement tournés pour le film, mais aussi pour la réalité. On assiste également à une séquence de com-bat vidéo-ludique street-fighter1 in real life grâce à l’incrustation de textes et la mise en scène des combattants. Une séquence est aussi consacrée à la recherche groupée d’un bâtiment adéquat pour le suicide d’un des adolescents suivis pendant laquelle les notes et appréciations du jury sont brandies sur des pancartes. C’est un comique qui ne dédramatise pas pour autant le choix de l’individu mais l’accepte et le respecte en lui donnant droit à cette mise en scène. Dans la même idée on ne revoit plus le personnage après ce passage, sauf dans les dernières images qui regroupent les participants du film.
La deuxième partie de 15, The movie est consacrée à un peu plus qu’une amitié, peut-être une bromance2, à la fois rude et touchante, dépeinte sur cette toile de fond par Royston Tan.
La mince frontière entre une réalité fictionnée et une fiction du réel que déploie le film est surpassée quand surgissent des vidéos traumatiques qui documentent la violence physique et symbolique que cette jeunesse s’inflige : une séance douloureuse de tatouage et de piercing au visage en simultané, l’absorption insupportable de préservatifs bourrés de cachets de drogues, la mutilation frénétique et désespérée. Un grand témoignage sur la violence sociale singapourienne, déchainé, éperdu, et enfin, profondément tendre envers les êtres filmés.
1 série de jeux vidéo de combat en 1 contre 1 développée par Capcom très populaire et pérenne à travers le temps.
2 amitié forte entre deux hommes, avec une communication émotionnelle élevée et des démonstrations d’intimité im-portantes, sans composante sexuelle.
Photographie Juliette MOINET-MARILLAUD