A Ghost Story est le quatrième long-métrage réalisé par David Lowery. On y retrouve Rooney Mara et Casey Affleck qu’il avait déjà dirigé sur Les Amants du Texas (2013). Ce film, qui a fait bonne impression au Festival du film américain de Deauville cet été, conte l’errance du fantôme d’un homme, nommé C, dans la maison où il vivait avec celle qu’il aimait, M, avant qu’un accident de voiture ne l’emporte dans le monde des invisibles.
A l’image des noms donnés aux personnages, A Ghost Story se veut tout en absence et en vide. Bien que le couple soit vivant durant la première partie du film, quelque chose de fantomatique transparaît déjà – et on le comprendra mieux dans la dernière demi-heure du long-métrage. Les relations entre C et M sont presque mutiques, les lumières sont aussi froides que peut l’être un bleu-gris et un léger brouillard créé dans l’espace domestique un au-delà qui précède le drame.
Tout le reste du film est à l’image de ces personnages qui n’arrivent qu’à être tristes. La solitude, l’impossibilité à communiquer mais aussi un amour doux et sensible conti-nueront de hanter le couple après la mort de C. Lowery traite son sujet avec justesse, esquivant globalement le mé-lodrame grâce à une mise en scène simple et non-édulco-rée de la relation, de l’accident et du deuil. A Ghost Story est une balade très agréable, voire touchante. Néanmoins, on peut regretter que le réalisateur ait recours à quelques poncifs du cinéma de notre décennie comme la mystique stellaire, l’irrémédiable soumission à un thème musical, écho non-dissimulé à tout le film, et bien sûr la presque nécessaire boucle temporelle venant donner une grille de lecture supplémentaire à une histoire qui aurait pourtant tout à gagner à se complaire dans la douceur et la sobriété.
Dessin Juliette Moinet-Marillaud