Section « Toi aussi mon fils »

Ce soir mon coeur bat - trailer

Rémi Jennequin suit Espoir, jeune habitant de Lomé, capitale du Togo, qu’il a rencontré bien plus jeune lors d’un premier voyage. Fasciné par l’énergie d’Espoir, son franc parler et son intelli-gence de la vie, il l’avait déjà associé à un projet d’atelier vidéo avec d’autres jeunes togolais. Ensemble, ils avaient réalisé un court-métrage de fiction insolite et vibrant, Un togolais sur la lune (2012), mettant en scène Espoir en futur astronaute et premier togolais à voyager sur la Lune. Quelques années ont passé, le cinéaste filme Espoir, 18 ans, caméra à l’épaule, louvoyant à travers la ville, avec ses amis, ses petites amies, ou seul à seul, dans des séquences où le filmé interroge autant, voire plus, le filmant, que l’inverse.

La légèreté et le rire d’Espoir cèdent alors à un regard lucide et dur, acerbe même, sur son pays et son enfance portant encore les cicatrices d’une guerre civile et des élections largement frauduleuses de 2005, soutenues par la France. Dans l’intimité construite de longue haleine entre Espoir et Rémi Jennequin se creuse une déchirure, un désir d’indépendance, du jeune homme vis-à-vis du cinéaste, du jeune togolais vis-à-vis de l’homme blanc. Consciente de sa position, la caméra n’en reste finalement qu’au seuil des désirs fuyants d’Espoir et d’une jeunesse qui se cherche, sans nous. Rarement portrait a été aussi fort et brut, visant en plein cœur de celui qui regarde.