Jusqu'à la garde - Bande annonce

Doublement récompensé à la Mostra Venise de 2017, ce premier long métrage est un objet qu’il serait regrettable d’ignorer. Jusqu’à la Garde nous fait rentrer dans le quotidien d’une famille dont le couple s’est séparé et où la mise sous tutelle du fils est partagée. Celui-ci doit alors vivre un week-end sur deux avec son père qui se révèle violent. La réalisation de ce film sert la prise de conscience du féminicide par la sensation et l’immersion. La mise en scène, puissante, précise, oppressante, tant bien par le cadre que par le son, ne laisse rien au hasard. Tout nous fait craindre l’action dévastatrice et le répit ne nous est jamais offert. Denis Menochet démontre son talent dans l’incarnation de son personnage, par la maîtrise de chacun de ses gestes, chacun de ses mots. Monstre ambigu, son corps lourd et imposant devient terrifiant, vampirise le cadre et les corps. Cette terreur viscérale que nous ressentons est alors partagée avec les autres personnages, tout aussi justement in-carnés, à l’image du jeune Thomas Gioria, 13 ans, qui joue un fils terrifié par son père dans une prestation hors norme. Nous ne pouvons en sortir que sous le choc, atteints d’une identification bouleversante que seul le grand cinéma parvient à offrir. À l’heure où la question de la violence conjugale est tournée en dérision dans le débat public ou est tout au mieux pudiquement abordée, ce film l’incarne avec force et brio.