Pour ce concours confiné, l’équipe Kinoks avait établi le thème « Photographie la rue de ton quartier ». Après une délibération difficile, c’est le reportage de Salomé que le Jury a sélectionné. Elle remporte donc le Lowepro Tahoe BP d’une valeur de 50€, un sac tout terrain, qui, on l’espère, la suivra dans ses futures escapades.
Nous avons salué le travail de qualité fourni dans le fond et la forme de cette étude anthropologique.
Le photojournalisme est en effet plus que d’actualité puisque sa liberté est mise en péril. Valoriser cet aspect nous a tenu à cœur. Une série contrastée qui nous promène dans des vies bouleversées. Deux protagonistes, deux regards qui en disent longs, et le nôtre, posé sur une histoire qui nous immerge dans un quotidien qui nous semble familier. Une lumière imprégnée de nostalgie évoque un temps de prospérité révolu. En contraste, la pénombre, la nuit, l’hiver, installent ce présent confus.
Entretien :
« Je m’appelle Salomé Joannic, je suis étudiante en L3 d’anthropologie. La photographie me permet d’aller à la rencontre des gens et l’appareil peut faciliter la prise de contact. Habituellement je fais beaucoup de photos de manif et les thématiques sociales sont souvent au centre de mes intérêts.
Ces trois photos sont issues d’une série d’un photo-reportage documentaire que je suis en train de monter notamment pour un TD d’enquête ethnographique. Le nom qu’elle portera sera sûrement; « se nourrir en temps de Covid, une économie qui roule ? »
En effet, depuis le début de ce confinement, je sors dans la rue et m’intéresse à l’expérience des livreurs UberEats, Delivroo, Stuart, etc. Par exemple, vous avez le portrait de Fabrice qui est devenu livreur qu’au second confinement, car la galerie d’art où il exposait ses toiles a fermé.
Ensuite, j’ai marché rue de Marseille. Les devantures de restaurants (comme sur la première photo) projettent leurs lumières sur une rue quasiment vide de passant.es. À l’intérieur, les client.es sont aussi les grand.es absent.es. Je vais alors à la rencontre d’un salarié d’un restaurant. Il me dit que depuis le début du mois, ils sont passés de 5 à 2 employés. Ils vendent seulement 3 à 6 repas dans la journée. Le propriétaire risque de fermer le restaurant à la fin du mois.
Que l’on travaille dans un restaurant ou en tant que coursier, le maître-mot semble être la patience. Paradoxalement le silence de ces temps d’attente semble crier une forte incertitude pour l’avenir.»
LA CONTACTER : joannic.salom@gmail.com