Pour le réconfort
de Vincent MACAIGNE

Après une ouverture absolument extraordinaire qui nous montre d’ores et déjà que nous avons à faire à l’œuvre d’un artiste, le film entre lyrisme et hystérie confirme la démarche créative et originale proposée par Macaigne, tout en restant fragile et constamment à deux doigts de sombrer dans l’excès, dans le trop plein de violence, c’est-à-dire dans l’incohérence. 

Le film fonctionne comme un cri de fureur mélancolique sur la lutte des classes. Une ode fataliste à l’humanité qui montre que même les sentiments ne peuvent pas complètement mettre à mal l’organisation hiérarchique de la société que la compassion, l’attachement, s’arrête là où il y a frontière sociale et besoin de pouvoir. Le film offre une réflexion intéressante exactement au même endroit où se trouve sa limite : l’homme n’est pas dénué de sentiment et de considération, il n’y a pas de fatalité proprement humaine mais il y une fatalité sociétale qui pousse toujours dans le même sens et à la reproduction des mêmes schémas. 

Nous regrettons également que le film propose une démarche qui est tout aussi avortée : celle de la monstra-tion des lieux. C’est-à-dire cette idée de mettre en adé-quation, par le biais cinématographique, les lieux et les êtres. Il y a dans le film une importance des lieux, elle est même centrale au sein du récit, mais à l’écran le lieu n’est qu’un prétexte graphique et un décor. Il est dommage qu’il manque cette dimension politique de l’image par laquelle le film pourrait redonner sa place à un lieu. Cette dimension tient au fait que c’est un film qui part et qui vient des comédiens. Un film pour les comédiens. Les scènes n’outrepassent pas le jeu des acteurs, ils sont la puissance de tous les plans. Cela au risque même d’être trop puissant par rapport à la proposition esthétique. Néanmoins et pour finir, il faut aller voir ce film car il est malgré tout une œuvre originale et sincère dont le propos éminemment politique est tout aussi oublié que fondamental dans la société contemporaine. 

Wiliam ROBIN 30 novembre, 2017
Wiliam ROBIN 30 novembre, 2017
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