Vu au festival du premier film d’Annonay, The Giant raconte l’histoire de Rikard, un homme autiste ayant une sévère malformation physique, adepte de la pétanque. Il souffre de la séparation avec sa mère qui, suite à son accouchement, était tombée dans une longue et profonde névrose. Elle vit à présent enfermée dans un immeuble d’hébergement spécialisé avec un cacatoès à huppe jaune pour seul colocataire. Il rêve de renouer contact avec elle et voit dans une possible victoire du championnat national de pétanque le moyen de la rendre fière. Johannes Nylholm touche avec The Giant une certaine justesse morale et cinématographique, sans le moindre misérabilisme. La violence, l’intolérance, le voyeurisme indigne que subit son personnage cohabitent avec l’amitié sincère, le souci profond des membres du club de pétanque pour Rikard.
La moitié du casting, voire plus, est jouée par des personnes autistes, trisomiques ou atteintes d’autres handicaps physiques et/ou mentaux qui habitent dans le même centre que Rikard, tous maternés par une Yolande Moreau suédoise. Le film leur donne un droit à la visibilité, à la représentation, à la joie, à la fête, à la victoire, à l’amour, qui est le même que celui des personnes valides. The Giant donne aussi un droit au rêve, incarné par les visions d’un point de vue titanesque, en images de synthèse, à l’apparence réaliste mais aux teintes et géomorphologies vidéo-ludiques qui adviennent lorsque Rikard fait un malaise. Et chaque rêve rejoint la réalité.