Section « Sympathy for Mr. Vengeance »
THE GREAT BUDDHA+ official trailer
The Great Buddha + gagne son « + » par l’extension d’un court métrage du même réalisateur, à la manière d’un iPhone pareil à l’ancien qu’on tenterait absurdement de vendre, arguant un nouveau nom. Terrible constat comique d’une société de consommation, Huang Hsin-yao annonce d’ores et déjà la portée du film par son titre.
Nombril, collecteur d’objets à recycler, va pousser son ami Cornichon, gardien de nuit d’une entreprise de construction de statues de Bouddha, à regarder avec lui les images enregistrées par la camé-ra embarquée de la voiture de son pa-tron sur ses heures de travail. Ils décou-vriront alors ses pires secrets. A la fois extrêmement comique par l’analyse qui est faite des images récoltées et par la fascination que les deux compères ont pour celles-ci, le film se veut aussi très critique envers la classe dirigeante qui possède un pouvoir visiblement il-limité.
Ici, le sacré n’est plus, Bouddha deve-nant un objet à vendre, à l’image de la scène hilarante de l’échange surréaliste entre les sculpteurs et les moines, entre insultes dues à un défaut de la statue et extrême politesse formelle à respecter. Mais la prouesse du film est d’arriver à déplacer la valeur sacrée de l’image maitresse et spectaculaire d’une classe dominante et violente d’habitude sur-représentée. La représentation de la classe prolétaire remplace celle de la classe bourgeoise. Le réalisateur commente la narration, avec beau-coup d’humour et de distance, et lui offre plus qu’une place, une revanche. Huang Hsin-yao use de l’image du patron, autrefois intouchable, comme outil pouvant remettre en cause sa do-mination. Le film est simple, beau, par la candeur innocente des personnages qui se réapproprient l’espace filmique involontairement, il est aussi un ma-gnifique constat satirique de la société taïwanaise, sans n’être jamais aveuglé par une quelconque forme de militan-tisme moralisateur.