The Long Excuse
de Miwa NISHIKAWA

Projeté à Lyon à l’occasion du très discret festival Kinayoto, The Long Excuse est le 7è film réalisé par Miwa Nishikawa. La réalisatrice, proche d’un certain Hirokazu Kore-Eda dont elle a été l’assistante (Distance, 2001) et qui a produit son premier long-métrage (Wild Beries, 2003), fait partie de ces nombreux cinéastes nippons (on peut en citer quelques uns : Sono Sion, Satoshi Miki, Nabuhiro Yamashita, Kei Ishikawa, Yoju Matsubayashi) dont les films ne sont distribués dans nos salles que dans un circuit très fermé, presque intime. Cet état de fait peut surprendre tant la vitalité de la production cinématographique de ce pays n’est plus à prouver.

Dans un contexte où les cinéastes de l’archipel restent marqués par les drames récents, notamment Fukushima, et où le deuil et les fantômes ont toujours leur place, Miwa Nishikawa ne fait guère exception. The Long Excuse doit son titre à la lente repentance qui s’impose à Sachio Kinugasa, célèbre écrivain qui se révèle dès les premières minutes du film aussi froid que volage, après le décès soudain de sa femme. La crainte que l’on peut avoir est de faire un plongeon vertigineux dans le déjà-vu et les évidences, ce que la cinéaste évite plus ou moins bien en faisant diversion avec des personnages masculins qui se révèlent être à la fois héros et anti-héros de leur propre existence. En revanche, rien de nouveau en ce qui concerne la réalisation. C’est propre, voire beau par moment, tout en manquant cruellement d’imagination. Là, Miwa Nishikawa n’est pas plus coupable qu’une Naomi Kawase ou qu’un Woody Allen tant on pourrait accuser beaucoup de films actuels de s’enfermer dans un certain classicisme - mais c’est ici un autre débat.

Il n’est pas étonnant de voir The Long Excuse remporter le Soleil d’Or, prix décerné par le festival Kinayoto, à égalité avec Oh Lucy ! (Atsuko Hirayanagi, 2018). Si le film ne bouleverse rien chez le spectateur, il laisse néanmoins l’agréable sentiment d’être capable d’excuser Sachio Kinugasa, ce qui n’est pas rien de la part d’une réalisatrice qui mériterait un peu plus d’attention.

Romain FRAVALO 28 février, 2018
Romain FRAVALO 28 février, 2018
Partager ce poste
Archiver
Se connecter pour laisser un commentaire.

The Florida Project
de Sean BAKER