Un año sin amor
de Anahí BERNERI

Section « Mauvais genre retro queer 18+ »

1996, Pablo Perez est séropositif.

À l’étroit de ses jours comptés, le jeune professeur et écrivain refuse de s’accrocher à l’espoir apporté par la nouvelle trithérapie, l’AZT. Commence alors la vie ardente du désir, du corps qui se dresse contre un linceul de solitude. Pablo se met à écumer les petites annonces roses des journaux gays et les clubs SM de Buenos Aires, en quête de partenaires, d’un amant, de tendresse ou de souffrance, un peu tout cela. Dans ce premier film adapté du roman autobiographique de Perez, Anahi Berneri transpose à l’écran la lutte d’un autre avec une sobriété documentaire implacable et belle, sans voyeurisme ni excès de pathos. Invisible et complètement intégrée dans un milieu pourtant fermé, sa caméra filme les hommes de très près, à fleur de peau, avec érotisme.

La cinéaste parvient ainsi à épouser son sujet tout en évitant ses écueils, préservant la complexité des sentiments mélangés qui affleurent dans cette danse vibratoire au seuil de la mort. Le récit de cette année sans amour n’est alors pas tant la chronique de la maladie que de ce que celle-ci déclenche dans l’âme, évoque et exalté du moi enfoui. « Comment faire ressentir qui je suis sans pour autant me décrire ? » se demande Pablo alors qu’il rédige son annonce. Une quête initiatique aux limites de la sensation, dans laquelle le spectateur est transporté.  

Photographie Joel Cartaxo Anjos

Nina KORMANN 28 février, 2018
Nina KORMANN 28 février, 2018
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