Va où il est impossible d’aller
de Costa-Gavras
Paru en 2018 aux éditions Seuil, il est réédité en 2021 dans la collection Points.
C’est en déambulant dans les rayons de la librairie Lumière que je suis tombée sur le livre de Costa-Gavras. Je ne connais rien de ce réalisateur, n’ayant vu aucun de ses films et pourtant un souvenir me revient en tête, celui de mon professeur d’histoire du lycée, qui nous en avait brièvement parlé lors d’un cours, souhaitant faire découvrir à ses élèves Z de Costa-Gavras et I comme Icare d’Henri Verneuil. Je n’ai vu que le second. Costa-Gavras donc, un nom que j’associe aux « films politiques ». La curiosité me pousse à feuilleter les pages de ses mémoires, Va où il est impossible d’aller dont je retiens quelques mots : « Chili » , « Hollywood », « Jack Lang », « Prague », « Yves Montand », « Henri-Georges Clouzot » […]. Je suis très intriguée et impressionnée aussi, quand je vois le nom de ces villes et de ces pays, connus et éprouvés par cet homme, de ces artistes et personnalités politiques rencontrés par le réalisateur. Très rapidement, j’ai le sentiment que ce cinéaste prend ses sujets « à bras le corps ». L’envie me prend de connaître son histoire.
Le réalisateur retrace sa vie, évoquant d’abord les souvenirs de sa jeunesse en Grèce et son arrivée à Paris à l’âge de vingt-deux ans, en 1955. Etudiant en lettres modernes, il fréquente les projections de la Cinémathèque, présentées par Henri Langlois puis assiste à quelques cours de filmologie à la Sorbonne, où enseigne Gilles Deleuze. Décision prise, il se rend à l’IDHEC pour connaître les conditions d’inscription au concours de l’école. Admis à l’institut, il suit des cours de mise en scène, de réalisation mais aussi de montage, de son, de décoration, de photo, ou encore de tirage. Après son film de fin d’études, Les Ratés, Costa-Gavras est contacté pour faire un stage sur un film d’Yves Allégret, L’Ambitieuse, où il fait la rencontre du premier assistant, Claude Pinoteau, qui le prendra sous son aile. De là, il enchaîne les tournages, et grimpe les échelons ; il devient assistant réalisateur sur les tournages de René Clément, de Jacques Demy ou encore d’Henri Verneuil, jusqu’à réaliser son premier film, Compartiments tueurs, qui sort en 1965. De là, suivront Un homme de trop (1967), Z (1969), L’aveu (1970), Etat de siège (1973) et bien d’autres encore qui le feront connaître à l’international.
Par la beauté de son écriture et la précision de son récit, Costa-Gavras nous immisce dans les moments les plus importants de sa vie, suscitant le rire, les larmes mais aussi l’indignation notamment lorsqu’il raconte les ignominies subies par les minorités ou par les individus politiques qui dérangent. L’auteur revient en détail sur les étapes d’écriture de ses scénarios, sur les rencontres faites avec les acteurs (Romy Schneider, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon ou encore John Travolta), sur les échanges avec les producteurs où il se montre souvent convaincant et riche d’intuitions. Entouré de sa femme Michèle Ray, de ses collaborateurs et amis tel que Simone Signoret, Yves Montand et Jorge Semprun, de personnalités politiques qu’il rencontre lors de ses déplacements à l’étranger comme Salvador Allende, il développe ses projets de films avec détermination et conviction. Si bien raconté, Va où il est impossible d’aller est le témoignage d’une vie exaltante dont on ne se lasse pas !